Han van Meegeren était jusqu’alors connu pour avoir trompé Hermann Goering avec un faux Vermeer. Il le sera désormais aussi pour avoir
été exposé au Courtauld Institute of Art de Londres. L’Entremetteuse du Courtauld Institute, qui était auparavant considérée comme une copie anonyme et contemporaine d’une œuvre de Dirck van
Baburen, un autre peintre du Siècle d’or, vient d’être ré-expertisée. Il s’agirait en fait d’un tableau réalisé par le faussaire van Meegeren.
C’est grâce à la BBC et son émission télévisée « Fake or Fortune ? » que la véritable paternité de l’œuvre du Courtauld a pu être dévoilée.
Après analyses, le tableau a révélé des traces de bakélite. Or, l’usage de cette résine synthétique, créée au XXe siècle et utilisée pour donner à la peinture une apparence ancienne, était l’une
des particularités du travail de van Meegeren. L’existence de bakélite dans les pigments de ses peintures a été vérifiée par Aviva Burnstock, qui a procédé à l’étude du matériel saisi dans
l’atelier du peintre. Cette dernière dirige le département Conservation du Courtauld Institute.
Le Rijksmuseum avait donné son autorisation pour qu’il soit procédé à des prélèvements à la fois sur l’œuvre originale de van Baburen et sur
de faux tableaux de van Meegeren qu’il conserve, afin que ces prélèvements puissent être comparés avec le tableau du Courtauld.
Selon The Telegraph, Geoffrey Webb, qui aurait fait don de l’œuvre au musée en 1960 à des fins d’études, était persuadé qu’il s’agissait d’un
faux peint par van Meegeren. Cet officier britannique qui fut chargé de la restitution d’œuvres spoliées avait récupéré le dit tableau dans la villa du faussaire en 1945. Han van Meegeren venait
alors d’être arrêté pour avoir vendu à Goering un Vermeer. Accusé de collaboration, il risquait l’exécution pour trahison. Il fut donc obligé d’avouer au cours de son procès la nature de ses
activités.
Dans les documents du procès de van Meegeren, il est rapporté que la toile du Courtauld aurait été achetée par l’ex-femme du faussaire chez
un antiquaire. Pour Philip Mould, marchand londonien spécialisé dans la
redécouverte d’œuvres, ayant également supervisé les recherches effectuées pour la BBC, ce témoignage était un mensonge.